INTRODUCTION
GENERALITES
Formes rudimentaires
Le bec calcanéen long
PRESENTATION CLINIQUE
Douleur
Déformation du pied et contracture des tendons
fibulaires
Symptômes divers
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
APPROCHE THERAPEUTIQUE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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INTRODUCTION
Notre intérêt pour les synostoses a été éveillé il y a quelques années
par la découverte de quelques cas d’atteinte calcanéo-naviculaire et
talo-calcanéenne. Guidé par notre maître de l’époque, nous avions effectué
notre première résection et suivi les progrès cliniques du patient.
Fort de cette expérience, nous avons par la suite diagnostiqué et
traité plusieurs autres cas avec succès.
Un jour nous avons été confronté à un jeune patient qui présentait une
double synostose bilatérale. Au CT-scan, les ponts paraissaient bien
localisés et limités. L’indication d’une résection fut posée.
Malheureusement, l’exploration révéla une synostose talo-calcanéenne très
étendue et fort difficile à délimiter ainsi qu’une barre
calcanéo-naviculaire qui plongeait sous le talus. La résection fut
incomplète pour un des deux pieds et l’indication considérée comme
inadéquate à posteriori. Le CT-scan nous avait induit en erreur.
Deux autres cas de synostoses calcanéo-naviculaires nous ont également
appris qu’il existe une variabilité dans ces ponts d’union. Certains sont
étroits et bien limités, d’autres sont fort larges et s’étendent sous le
col et la tête du talus, ce qui rend leur résection difficile. Or, les
ouvrages classiques de chirurgie orthopédique ne font pas mention de cette
variabilité.
Ce travail est donc l’occasion pour nous de mieux comprendre la
problématique clinique et chirurgicale des synostoses du tarse.
Nous nous attacherons d’abord à les définir et à dresser un tableau
général de ces lésions.
Ensuite, nous tâcherons de brosser un tableau clinique en recherchant
les symptômes et signes les plus pertinents qui devraient attirer
l’attention du médecin. Ceci étant fait, nous essayerons de montrer
comment les examens complémentaires peuvent venir confirmer la présence
d’une synostose et permettre de la caractériser.
Enfin, nous essayerons, au travers d’une revue de la littérature
récente, de rassembler les résultats des études publiées à propos du
traitement de ces anomalies du tarse. Nous tenterons de les analyser et de
tirer les lignes directrices permettant de poser les indications
thérapeutiques tant conservatrices que chirurgicales.
Note : Ce travail étant basé principalement sur une revue de la
littérature des vingt dernières années, peu d’articles plus anciens ont
été réellement consultés. Néanmoins, certains articles ou résultats jugés
particulièrement importants ou cités systématiquement sont mentionnés et
leur référence est alors reprise en bas de page. Tous les articles que
nous avons lus sont regroupés dans la bibliographie à la fin de ce
travail.
GENERALITES
1.
Définition
Les barres tarsiennes sont des anomalies morphologiques du pied
caractérisées par la persistance de ponts d’union entre certains os,
particulièrement au niveau de l’arrière-pied et du médiotarse, et
entraînant un défaut de mobilité de ces os.
Plusieurs classifications sont possibles selon que l’on
s’intéresse à la nature du pont, à sa localisation, intra- ou
extra-articulation, ou aux os qui sont reliés entre eux.
Selon le type de pont on peut distinguer 3 formes :
- les ponts osseux : ce sont des synostoses
- les ponts cartilagineux : ce sont des synchondroses
- les ponts fibreux : ce sont des syndesmoses.
ROUVREAU (52) parle de barres complètes lorsqu’elles sont totalement
ossifiées, d’incomplètes lorsqu’elles ne sont pas ou incomplètement
ossifiées, et de rudimentaires lorsqu’il n’existe pas de véritable pont
entre les os, mais une variante anatomique qui entraîne des symptômes
analogues.
Pour notre part, dans un souci de simplification, nous parlerons de
barre, de synostose ou de coalition tarsienne pour décrire ces ponts
d’union quel qu’en soit le type, la localisation, l’étendue ou la
nature.
Les synostoses du pied sont connues depuis longtemps. La première
description aurait été faite par BUFFON en 1769, puis par
CRUVEILHIER en 1829. Depuis, de nombreux articles ont été
publiés, mais c’est à HARRIS et BEATH qu’il revient d’avoir popularisé
le sujet en publiant en 1948 une large étude épidémiologique.
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2.
Localisation et fréquence
Les synostoses peuvent siéger entre tous les os du pied.
Pratiquement, tous les types de pont ont été décrits (61,52,46,19,24,8).
Cependant, les formes talo-calcanéennes (TC) et calcanéo-naviculaires
(CN) rendent compte de 80 à 90 % des synostoses diagnostiquées.
(61,52,26). La proportion de ces deux types de coalition varie beaucoup
d’une étude à l’autre, mais on retrouve le plus souvent 50 % de chaque
type.
Dans les synostoses CN, on observe un pont entre le bord latéral du
naviculaire et le processus antérieur du calcanéum (Fig. 1-a).
Sur le plan anatomique, on se souviendra que le calcanéum présente 3
facettes (antérieure, moyenne et postérieure) qui s’articulent avec les
surfaces articulaires correspondantes du talus pour former
l’articulation sous-talienne (Fig. 2). SARRAFIAN (55) a montré qu’il
existait des variantes anatomiques au niveau de cette articulation (Fig.
3).
Dans 67 % des cas, les facettes antérieure et moyenne sont continues,
un simple rétrécissement permettant de les distinguer. De plus,
l’articulation antéro-médiale est en continuité avec l’articulation
talo-naviculaire (69).
Dans les synostoses TC, l’atteinte de l’articulation sous-talienne
peut concerner toutes les facettes. Cependant, dans la grande majorité
des cas, c’est la facette moyenne(Fig. 1-b) qui est atteinte (13,49,68)
parfois en combinaison avec d’autres. Les atteintes de la facette
postérieure sont peu fréquentes et celles, isolées, de la facette
antérieure, exceptionnelles.
En 1998, KUMAI (30) publie une série de 125 cas (198 pieds) dans
laquelle il observe 40 (30.3 %) synostoses naviculo-cunéiformes (v.
tableau 1 p. 9). Cette étude concerne essentiellement des sujets
d’origine japonaise. Cette fréquence inhabituelle pourrait être
d’origine ethnique. Les auteurs pensent cependant que ce type de
synostose est moins rare qu’on ne l’a cru. Le diagnostic posé serait le
plus souvent celui d’arthrose en raison de la similitude des plaintes et
de l’aspect radiologique de ces barres. De plus, ces ponts étant
beaucoup moins symptomatiques et l’apparition des plaintes plus tardive,
leur fréquence serait sous-estimée. Histologiquement, le dos de
l’articulation est généralement conservé, la synostose étant plantaire
et fibreuse, ce qui complique sa mise en évidence.
Il faut noter que les séries américaines ne relèvent pas de
différence ethnique entre population blanche et noire.
La plupart des auteurs s’accordent sur une fréquence de 1 à 2 %
(35,52,28,33), l’atteinte est bilatérale dans 40 à 60 % des cas selon
les séries (35,52,62,23). Aucun ne rapporte de prédominance masculine ou
féminine.
VAUGHAN et SEGAL ont effectué un bilan radiologique auprès de 2000
recrues et trouvé une synostose dans 1 % des cas.
De nombreuses études ont cependant montré que la radiologie
conventionnelle présentait de nombreuses limites dans le diagnostic des
synostoses surtout au niveau de l’articulation sous-talienne. STORMONT
et PETERSEN sur une série de synostoses CN signalent que 10 cas ont été
des diagnostics chirurgicaux. Le bilan radiologique était négatif dans
30 % des cas.
Enfin, DUTOIT et coll., ROGER et MEARY (51) et ROUVREAU et coll. (52)
mentionnent aussi respectivement 3, 10 et 7 cas de diagnostic
peropératoire malgré un bilan radiologique complet (l’usage de
tomographies, CT-scan et IRM ne concernait que quelques cas).
HARRIS et BEATH trouvent 2 % de pied plat avec contracture des
péroniers chez 3600 recrues. COOPERMANN (14) examine 2982 squelettes de
la collection du musée de Cleveland et trouve 37 synostoses CN (1,2 %),
mais il ne mentionne pas la présence d’autre localisation.
Certaines études trouvent un pourcentage plus élevé de synostoses.
SOLOMON (57), dans un travail combinant un examen par CT-scan et la
dissection de 100 pieds de cadavre, trouve 12,72 % de synostoses dont 9
sont CN. Il constate que le CT-scan n’a mis en évidence que 55 % des
barres. Il conclut que les études cliniques ne diagnostiquent que les
cas symptomatiques, les autres seraient beaucoup plus fréquents et
constitueraient dès lors une variante anatomique classique.
Les atteintes multiples d’un même pied sont fréquentes. CLARKE (10)en
trouve
20 % dans une étude par CT-scan faite chez 30 patients atteints de
coalition tarsienne.
Il conseille donc de les rechercher systématiquement, leur fréquence
étant probablement plus élevée que ne le montraient les études recourant
à la seule radiologie conventionnelle.
La fréquence du type histologique de synostose est très difficile à
apprécier car il varie beaucoup d’une étude à l’autre. Sur le plan
thérapeutique cette incidence semble de peu d’intérêt, la plupart des
études récentes n’ayant pas montré de différence de résultat entre les
formes ossifiées et non ossifiées.
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-
Formes rudimentaires
Dans l’article publié en 1955, HARRIS décrit 14 cas de formes
rudimentaires de découverte peropératoire. Il ne s’agissait pas de
véritable barre, mais plutôt de bloc osseux descendant du corps du talus
vers la face médiale du calcanéum sans s’y fusionner ou remontant du
calcanéum vers la face médiale du col du talus. ROGER et MEARY (51)
mentionnent un cas similaire mais aucune autre étude consultée ne fait
plus mention de ce type de variante.
- Le bec calcanéen long
BLOCKEY, HARRIS, ROGER et MEARY (51) mentionnent l’existence d’une
forme rudimentaire que HARDY et POULIQUEN (25) décrivent comme un bec
calcanéen trop long et responsable d’une symptomatologie identique à
celle des synostoses CN.
LASDAY (34) confirme l’existence de cette anomalie, qu’il appelle « functional
coalition ».
Selon TACHDJIAN, le processus antéro-médial du calcanéum est court et
arrondi, restant à une distance de 5 à 10 mm du naviculaire. Dans
certains cas, il est trop long et s’insinue entre la tête du talus et le
cuboïde allant presque jusqu’à toucher le naviculaire (Fig. 4).
POULIQUEN (48) suggère qu’il s’agit d’un défaut de régression
mésenchymateuse qui conduit en principe à la séparation des os du tarse
durant la vie embryonnaire. Dans ces conditions, un mouvement de
supination crée un effet de casse-noix, le processus long étant pincé
entre ces deux structures osseuses (48).
L’exploration chirurgicale confirme l’invagination du processus
jusqu’à toucher le naviculaire en particulier dans les mouvements de
supination. Dans 8 cas sur 25, POULIQUEN trouve des lésions
cartilagineuses au pôle caudo-latéral de la tête du talus. Ce processus,
qui occupe l’espace cuboïdo-talien, gêne la mobilité (34) et produit les
mêmes symptômes qu’une synostose CN (25,52,48,34). Ceux-ci apparaissent
vers l’âge moyen de 13.6 ans avec une prédominance féminine que
POULIQUEN attribue à une plus grande laxité favorisant les traumatismes
en inversion responsables de lésions cartilagineuses locales et des
raideurs et douleurs qui en découlent. Le diagnostic peut être fait sur
une incidence ¾ externe ou oblique dorso-plantaire déroulée du pied. Le
critère utilisé est une distance processus-naviculaire inférieure à 5 mm
(25,48) (v. Fig. 9-d p.12). Le traitement est identique aux autres
synostoses. Il est le plus souvent conservateur au départ. En cas
d’échec, la résection du processus laissant un espace libre d’un
centimètre est effectuée par voie dorso-latérale classique et redonne au
pied des mouvements d’une plus grande amplitude (25). Sur 25 cas opérés,
POULIQUEN rapporte 23 bons résultats avec un recul moyen de 5 ans et 6
mois.
La fréquence des formes familiales ou bilatérales, l’association à
d’autres synostoses et la communauté clinique et thérapeutique amènent
les auteurs à penser qu’il s’agit d’une anomalie congénitale assimilable
aux synostoses (25,52,48,34).
Nous n’avons, pour notre part, aucune expérience de cette entité
pathologique. Les critères radiologiques nous semblent d’interprétation
délicate. Il est regrettable que la littérature anglo-saxonne soit si
pauvre à ce sujet. Il est en effet surprenant, vu le nombre de cas
rapportés par l’équipe de POULIQUEN et coll., qu’aucune autre étude
importante n’ait été publiée. De plus, si la fréquence de cette entité
est bien réelle, l’incidence des synostoses au sens large s’en
trouverait nettement augmentée. Quoiqu’il en soit, leurs résultats nous
interpellent et nous pousseront à rechercher systématiquement cette
variante anatomique.
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3. Etiologie et hérédité
Talus, calcanéum, naviculaire et cuboïde se forment par segmentation
d’un bloc tarsien commun. Le processus d’ossification du mésoderme
débute vers la neuvième semaine et se poursuit jusqu’au 7ème
mois (25).
L’hypothèse d’un défaut de segmentation des os du pied à l’origine
des synostoses a été avancée par de nombreux auteurs.
En 1955, HARRIS publie une étude anatomique sur embryon. Sur 20
embryons âgés de 9 à 13 semaines, elle trouve 4 cas présentant au total
6 synostoses, et se demande combien de ces variantes persisteront à la
fin du développement embryonnaire et combien constituent une étape du
développement (Fig.5). KAWASHIMA montre également une forte proportion
de ponts mésenchymateux et cartilagineux entre la 8ème et la
9ème semaine embryonnaire.
Les synostoses peuvent être isolées (essentielles) ou entrer dans le
cadre d’un syndrome polymalformatif (syndrome d’APERT, de
NIEVERGELT-PEARLMAN, associé au pied bot ou à d’autres malformations).
Dans d’autres cas, les synostoses sont secondaires à une infection,
un traumatisme ou iatrogènes.
Seules les synostoses essentielles font l’objet de ce travail.
Le caractère familial des synostoses est rapporté par la plupart des
auteurs.
En 1974, LEONARD publie une étude dans laquelle il observe 98 parents
au premier degré de 31 personnes atteintes de pied plat spastique et de
coalition tarsienne. Parmi ceux-ci, 39 % présentent une synostose à la
radiographie mais tous sont asymptomatiques. Ces résultats et ceux
d’autres études sont donc en faveur d’une hérédité à caractère
autosomique dominante à pénétration réduite.
De plus, le travail de LEONARD joint aux
résultats déjà mentionnés à propos d’études anatomiques, cadavériques et
cliniques, ainsi qu’aux publications sur le bec calcanéen, donnent à
penser que l’incidence réelle des synostoses est très probablement bien
supérieure à celle rapportée dans les études cliniques qui ne
mentionnent que les cas symptomatiques et diagnostiqués.
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PRESENTATION CLINIQUE
- Généralités
Typiquement, la symptomatologie débute dans la seconde décade
(61,52,30,31,48,54,60,41) bien que certaines synostoses restent
silencieuses jusqu'à l’âge adulte (diagnostic post-traumatique ou
fortuit).
La figure 6, ci-contre, est un exemple classique de répartition des
âges au moment du diagnostic dans une population d’adolescents (62 pieds
(61)). Le délai dans l’apparition des symptômes est attribué par la
plupart des auteurs à la plasticité et à la souplesse initiale des
coalitions tarsiennes qui autoriseraient une certaine mobilité. La
transformation et surtout l’ossification progressive des synostoses
expliqueraient l’apparition progressive des symptômes.
D’après COWELL (48) et KUMAR (68), l’ossification des barres se
produirait entre :
- 3 et 5 ans pour les ponts talo-naviculaires
- 8 et 12 ans pour les ponts calcanéo-naviculaires
- 12 et 16 ans pour les ponts talo-calcanéens.
Ces valeurs, citées par la plupart des auteurs, doivent cependant être
prises avec nuance. WARREN (68) rapporte notamment 2 cas de barre
talo-calcanéenne ossifiée à l’âge de 6 et 10 ans.
D’autres facteurs contribuent probablement à l’apparition des
symptômes :
- l’accroissement des activités physiques à l’adolescence pourrait
entraîner une augmentation des contraintes au niveau du pied.
- l’importance des sollicitations au niveau de certaines articulations
pourrait également expliquer le diagnostic plus tardif de certaines
lésions.
L’étude de KUMAI publiée en 1996 (11) à propos de 40 patients
majoritairement d’origine japonaise 60 pieds) se différencie des autres
notamment par l’âge moyen de diagnostic, qui est de 31,2 ans (8-80
ans)(Fig. 7). Cependant, cette étude inclut de nombreux adultes (15 pieds)
dont le diagnostic a été fortuit et un nombre inhabituel de synostoses
cunéo-naviculaires dont l’âge au diagnostic (31,9 ans) est fort élevé
(Tableau 1). Les auteurs attribuent cette différence à la faible mobilité
de l’articulation cunéo-naviculaire ce qui la rend peu symptomatique.
Cette étude mise à part, l’âge moyen d’apparition des symptômes est de
11 à 13 ans dans les formes CN et de 13 à 18 ans dans les formes TC
(61,52,31,48,60,23). Rappelons que certains diagnostics fortuits ont été
faits en peropératoire chez des enfants plus jeunes avec bilan
radiologique négatif (DUTOIT : 3 cas, ROGER et MEARY : 10 cas).
Le plus souvent, il existe un important délai entre le début des
symptômes et le diagnostic. Le délai moyen est de 12 à 18 mois (9,52,31,).
On peut l’attribuer au caractère progressif et insidieux de nombreux
tableaux cliniques mais aussi à la rareté de l’affection et aux
difficultés du diagnostic radiologique de certaines localisations.
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- Symptomatologie
La présentation type et quasi pathognomonique des synostoses est celle
d’un pied plat valgus contracturé et douloureux apparaissant plus ou moins
insidieusement chez un jeune adolescent par ailleurs en bonne santé.
Le tableau ci-dessous, repris de CHRESTIAN et coll. (9), nous a paru
intéressant car il reflète bien les deux principaux modes de présentation
clinique des coalitions tarsiennes. Les principaux symptômes seront
détaillés ensuite.
TABLEAUX CLINIQUES (d’après CHRESTIAN et coll. (9), adapté et
complété)
- Tableaux aigus :
- pseudo-entorses à répétition de la cheville
- douleur fulgurante du pied au cours d’une activité sportive ou d’un
traumatisme et correspondant à la rupture de la synostose
- Tableaux chroniques parfois déroutants :
- cheville douloureuse
- douleurs diffuses du pied
- pied plat valgus contracturé ou non
- tuméfaction osseuse sous- ou rétro-malléolaire interne
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- Douleur
La douleur est un symptôme extrêmement fréquent (30 à 100 % des cas
selon les séries (61,64,52,30,31,48,41,15)). D’intensité variable,
elle a un caractère mécanique. Elle est calmée ou absente au repos et
majorée par la marche, surtout en terrain irrégulier (52), et les
activités sportives (52,41,31,15). Bien qu’elle puisse être diffuse et
vague, elle peut aussi être plus localisée à la colonne interne ou à
la région dorso-latérale du pied dans les synostoses CN (52,30) ou à
la région sous-talienne dans les synostoses TC (60).
Le début peut être insidieux et progressif, ou plus brutal après
traumatisme entraînant la rupture de la synostose (phénomène rare
(9,60,)) ou une pseudo-entorse de la cheville.
Ce dernier tableau est fréquent (30 à 40 % des séries)
(25,52,31,48,63,54). Il s’agit le plus souvent d’un épisode
traumatique survenant vers 11-12 ans et supposé être une entorse. La
symptomatologie initiale est souvent modérée avec peu ou pas de
douleur ni de gonflement au niveau de la cheville et du ligament
latéral externe. L’évolution initiale est favorable, mais il persiste
une gêne dans les activités sportives et à l’effort devenant
progressivement invalidante dans la vie courante. L’examen clinique et
le bilan radiologique de la tibio-tarsienne sont négatifs.
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- Déformation du pied et contracture des tendons fibulaires
La présence d’un pied plat valgus rigide et/ou contracturé est le
second signe cardinal des synostoses. La fréquence est fort variable
selon les séries (15 à 100 %) (61,52,31,23). Bien que quelques cas
d’arrière pied varus aient été rapportés (52,58), c’est la position en
valgus du talon qui est la plus fréquente. COWELL (15) observe que les
symptômes sont plus sévères lorsque le talon est en valgus marqué que
lorsqu’il reste aligné.
La perte de mobilité concerne le plus souvent l’arrière pied et /ou
le couple de torsion. Sa fréquence (30 à 100 %) (61,64,54,23) est fort
variable de même que son importance. Dans certains cas, l’arrière pied
est complètement bloqué et la perte de la prosupination importante.
SWIONTOWSKI (60) signale que certains patients présentant une barre
CN sans contracture des fibulaires ont peu ou pas de perte détectable
de la mobilité sous-talienne. Il pense que ce type de coalition
entraîne, par lui-même, peu de restriction mais que la perte de
mobilité serait secondaire au spasme des fibulaires.
Cette contracture des muscles fibulaires est fréquemment associée
au pied plat rigide (20 à 100 % des cas) (61,52,31,41). Il ne s’agit
pas d’une spasticité vraie comme on l’a pensé au début mais bien d’une
contracture de défense ou d’un raccourcissement adaptatif destiné à
placer le calcanéum en valgus et à maintenir l’articulation
sous-talienne dans la position la moins douloureuse (15,42 ).
MOSIER et coll. (41) rapportent que dans le pied plat contracturé,
la douleur semble corrélée à la déformation en valgus de la
sous-talienne et pourrait être due à des entorses et des
hyper-sollicitations ligamentaires. La levée de la contracture par
bloc loco-régional réduit la douleur mais ne la supprime pas
totalement. C’est l’injection d’anesthésique dans le sinus du tarse
qui permet de lever la douleur résiduelle.
Dans les synostoses, la douleur serait donc due à l’association
d’entorses ligamentaires, d’une contracture des fibulaires, d’une
irritation du sinus du tarse et des articulations sous-taliennes ainsi
qu’à des phénomènes dégénératifs articulaires (41).
Rappelons que ROGER et MEARY (51) avaient trouvé 61 % de synostoses
en regroupant 7 séries de pieds plats contracturés (187 cas au total).
Ils concluaient que dans 2/3 des cas de pied contracturé de
l’adolescent, il existait une synostose. Le diagnostic différentiel
des autres causes de pied plat contracturé peut s’inspirer du tableau
2 , emprunté à MOSIER et coll. (41).
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- Symptômes divers
Comme nous l’avons dit, le tableau clinique des synostose est
extrêmement varié et polymorphe.
Certains signes comme la tuméfaction sous malléolaire médiale et le
syndrome du canal tarsien sont spécifiques aux synostoses TC (Tableau 3).
Enfin, dans plusieurs séries, le diagnostic de certains cas est fortuit
et consécutif à un bilan radiologique sans relation ou à une exploration
chirurgicale avec bilan préopératoire négatif.
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- Diagnostic et tests cliniques
Le contexte général et les tableaux cliniques souvent insidieux des
synostoses imposent une anamnèse soigneuse s’attachant à préciser le mode
de début des plaintes et leur évolution, en particulier le rythme et la
localisation des douleurs, en évitant de se laisser piéger par le
diagnostic trop simple d’entorse. L’interrogatoire doit être complété par
une anamnèse familiale au vu du caractère héréditaire de l’affection.
L’examen clinique doit inclure un examen en station, la palpation des
zones de synostose et la recherche des mobilités passives et actives.
L’examen en station doit permettre de caractériser la position de
l’arrière pied et de l’arche interne, et d’évaluer son retentissement sur
la marche.
Plusieurs auteurs (25,52,48,41) ont insisté sur la palpation des zones
de coalition à la recherche d’une douleur élective reconnue par le
patient.
MOSIER (41) conseille de palper fermement la région dorso-latérale du
pied au niveau de l’espace calcanéo-naviculaire (CN) et la facette moyenne
de l’articulation sous-talienne située juste distalement par rapport à la
malléole médiale (TC). Ce testing peut être sensibilisé par un mouvement
de supination du pied en cas de suspicion d’un bec calcanéen long (48).
La recherche des mobilités passives permet d’apprécier la raideur
relative de la sous-talienne et du médio-tarse et leur retentissement sur
le mouvement de prosupination. Ces gestes permettent généralement la mise
en évidence de la contracture des fibulaires qui peut être permanente ou
seulement dynamique dans les formes débutantes.
Le test de mise sur la pointe des pieds est considéré comme très fiable
par plusieurs auteurs (9,54,15). En cas d’intégrité tendineuse et
neurologique, le tendon d’Achille, lors du passage sur la pointe des
pieds, attire le talon en varus. L’absence de varisation ou la persistance
d’un valgus est un signe diagnostique très fiable d’une synostose de
l’arrière pied (54). KOEWEIDEN et coll. ont utilisé une variante de ce
test en mesurant la rotation latérale de la rotule lors du mouvement de
supination du pied (rotation latérale du tibia). En comparant 9 cas de
synostose à 60 pieds normaux, ils obtiennent une rotation de 8,4° dans le
premier groupe et de 27° dans le second, ce qui témoigne d’une limitation
de la mobilité du tarse.
En conclusion, l’association de douleurs, d’une déformation en valgus
du talon et d’une raideur de l’arrière pied, constituant un pied plat
valgus rigide douloureux avec ou sans contracture des fibulaires, est une
entité clinique très suspecte d’une coalition tarsienne et impose un bilan
complémentaire complet et soigneux.
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- EXAMENS COMPLEMENTAIRES
Jusqu’au début des années 80 et l’avènement du CT-scan, c’est à la
radiologie conventionnelle que revenait le rôle de diagnostiquer
formellement et de caractériser les synostoses. Depuis, si elle garde un
rôle important, c’est le CT-scan qui est devenu le « gold standard » du
dépistage et surtout le meilleur moyen de préciser la nature et l’étendue
des ponts d’union, en particulier au niveau TC.
L’apparition de la RMN a fait espérer un progrès dans le diagnostic de
certaines formes difficiles et la distinction entre les formes
cartilagineuses et fibreuses. Il nous semble cependant qu’aucune étude
consultée ne fait état d’une véritable révolution diagnostique ni ne
démontre une réelle supériorité de l’IRM sur le CT-scan.
- Radiologie conventionnelle
L’apport de la radiologie conventionnelle est de mettre directement
en évidence la synostose (signes directs) ou de révéler une série de
variations morphologiques dont certaines sont en relation plus ou moins
directe avec des troubles de la mobilité du pied, y compris les lésions
de coalition du tarse.
- Signes directs ou mise en évidence des synostoses
Tout patient suspect de synostose du tarse sera d’abord exploré par 3
incidences : face, profil et incidence ¾ externe ou spéciale « oblique » à
45°.
L’incidence de face montre l’abduction de l’avant-pied (31) Elle
dépiste les rares barres cunéo-naviculaires et calcanéo-cuboïdiennes (15),
et permet d’exclure d’autres causes de contracture des fibulaires comme
les tumeurs.
Le cliché de profil en charge est fort utile. Il permet de mettre en
évidence plusieurs signes secondaires( Fig.11 et 12), mais doit être
interprété avec prudence et de manière comparée. Les rares synostoses de
la facette postérieure et de l’os trigone peuvent parfois s’observer sous
la forme d’une masse localisée (28).
L’incidence oblique est la meilleure pour rechercher les barres CN
(Fig.1 et 9). Elle est réalisée à 45°, mais peut être complétée par
d’autres clichés d’obliquité quelque peu différente afin de supprimer des
superpositions trompeuses (46,15).
La présence d’une barre peut être attestée par :
- l’existence d’un pont osseux plus ou moins complet et
régulier (Fig.9-a et b);
- un aspect de « pseudarthrose » avec des berges condensées,
irrégulières et/ou une sclérose corticale entre le processus
antéro-médial du calcanéum et la partie latérale de l’os naviculaire
(46) (Fig.9-c);
- la présence d’un processus volumineux ou trop long s’insinuant à
moins de 5 mm du naviculaire associé à des signes secondaires et à une
clinique évocatrice feront suspecter un « bec calcanéen long »
(25) (Fig.9-d).
Ce bilan est fréquemment suffisant en particulier dans les formes CN
(56 diagnostics sur 68 cas dans le travail de ROUVREAU (52) et 100 % des
cas dans celui de GONZALEZ (23)).
Par contre, il est souvent insuffisant dans les formes TC. Il est alors
utile de réaliser une incidence axiale postérieure de l’arrière pied
décrite par KORVIN en 1934 et popularisée par HARRIS et BEATH. Elle permet
de visualiser directement la synostose de la facette moyenne ou met en
évidence une série de signes secondaires très évocateurs :
- élargissement ou hypoplasie du sustentaculum tali ;
- obliquité et inclinaison caudale de la facette moyenne qui
normalement est parallèle à la facette postérieure. Si cette inclinaison
est > à 25° par rapport à la facette postérieure, il s’agit d’un signe
de certitude (15) ;
- pincement et irrégularités de l’interligne articulaire.
Cette incidence est la plus fiable pour le diagnostic des synostoses TC
(54) mais ne permet pas le dépistage de tous les cas. Elle est aujourd’hui
largement supplantée par le CT-scan et l’IRM dans cette indication.
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- Signes secondaires
Comme leur qualificatif l’indique, ces signes radiologiques ne sont pas
pathognomoniques des synostoses. Leur présence est liée à l’existence de
troubles de la mobilité, principalement de l’articulation sous-talienne ou
du médio-tarse, d’anomalies morphologiques, de troubles statiques ou
dynamiques ou encore d’atteintes dégénératives. Toutes ces anomalies
peuvent être liées à une synostose, ce qui explique leur association
possible à cette pathologie. Certains de ces signes sont assez fréquents
(1 à 5) ; d’autres sont beaucoup plus rares (6 à 10).
Signes radiologiques secondaires :
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a)
Le signe de l’anneau ou « C-sign »
Ce signe décrit par LATEUR (33) et l’équipe de la K.U.L. en 1994 est
une ligne en forme de C formée par le bord médial du dôme talien et le
bord caudal du sustentaculum tali sur une radiographie du pied de profil
en charge (Fig.12). Dans une double étude rétrospective (18 cas) et
prospective (15 cas), les auteurs montrent que ce signe radiologique est
spécifique, dans 93,3 % des cas, de la présence d’une synostose TC. La
sensibilité est de 86,6 %. La visibilité, l’importance et la régularité de
ce signe varie en fonction de la forme et de la taille du sustentaculum
tali. Ce signe est parfois fort discret ou absent en cas d’hypo- ou
d’aplasie du sustentaculum. Dans l’étude prospective, 10 patients sur 15
avaient un signe positif mais sans point d’appel clinique, ce qui amène
les auteurs à considérer qu’il s’agit du signe secondaire le plus fiable
dans les synostoses TC.
Cet enthousiasme doit être nuancé par la découverte ultérieure de faux
positifs liés à des pieds plats sévères et par le travail de BROWN (7),
publié en 2001 dans lequel il observe que le signe de l’anneau est plus
spécifique d’un pied plat que d’une synostose avec une sensibilité assez
faible (33 %).
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b) L’ostéophyte dorsal de la tête du talus ou « talar beak »
C’est un signe fréquemment associé aux synostoses. Dans les anciennes
publications, il était considéré comme pathognomonique d’atteintes
articulaires dégénératives et donc péjoratif dans un contexte chirurgical.
OUTLAND et HARRIS pensaient que cet ostéophyte était une exostose de
contact. Plus récemment, ROGER et MEARY (51), SWIONTOWSKY (60), NEWMAN
(42), MOSIER (41) et d’autres ont proposé une explication différente :
Pendant la marche, l’articulation sous-talienne a un double mouvement
de glissement et de rotation. Lors de la flexion dorsale du pied, le
calcanéum glisse en avant sous le talus probablement jusqu’à mise en
tension des éléments capsulo-ligamentaires. A la fin de ce mouvement, il
se produit un glissement vers le haut au niveau des articulations
calcanéo-cuboïdiennes et talo-naviculaires. Enfin, la partie proximale du
naviculaire se déplace légèrement en direction crâniale (enroulement) sur
la tête du talus.
Lorsque l’articulation sous-talienne est bloquée (arthrodèse,
synostose, par exemple), le jeu articulaire n’est plus possible.
Le mouvement de glissement de l’articulation médio-tarsienne est
remplacé par un mouvement de charnière : en fin de flexion dorsale,
l’articulation s’ouvre à sa partie plantaire et se pince à sa partie
dorsale. En outre, le naviculaire effectue un mouvement de surplomb par
rapport à la tête du talus. Les hyper-sollicitations capsulo-ligamentaires
et le décollement répété du périoste du col du talus par l’angle crânial
du naviculaire conduisent, par réparation et adaptation, à la formation de
cet « ostéophyte ». Ce phénomène péri-articulaire (60) est donc le reflet
d’une diminution de la mobilité sous-talienne, comme observé aussi dans
d’autres pathologies que les synostoses (69). Il n’est pas nécessairement
associé à des phénomènes dégénératifs et ne constitue donc pas un moyen
prédictif ou un critère péjoratif en cas de geste chirurgical (60).
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c) Déformation en dôme et cupule ou « ball and socket joint »
La biomécanique de l’articulation sous-talienne est complexe et joue un
rôle essentiel dans le cycle de la marche. L’axe oblique de cette
articulation transforme la rotation tibiale (plan vertical) en une
rotation du pied, prosupination, (plan horizontal) lui permettant de
rester fixe pendant la phase d’appui. L’articulation sous-talienne
contribuerait pour environ 10° à la rotation tibiale durant la phase
d’appui. La perte de ce mécanisme essentiel contribue à augmenter les
contraintes au niveau des articulations adjacentes et est probablement
responsable de la survenance de phénomènes dégénératifs précoces tant au
niveau de la cheville que du médiotarse (13). Ce mécanisme peut être
partiellement compensé par l’accroissement du jeu articulaire au niveau de
ces articulations.
La déformation ou « ball and socket » est une adaptation rare de
l’articulation tibio-talienne qui accompagne certaines synostoses (Fig.
13), notamment les formes multiples, et peut être associée à une aplasie
ou une hypoplasie de la fibula. Il s’agit d’un remodelage adaptatif, dû à
l’enraidissement de la sous-talienne qui génère des mouvements anormaux
d’inversion et d’éversion au niveau de la cheville. Cette adaptation
permet parfois de retrouver une mobilité transversale impressionnante
(51,70). TAKAKURA (62) a montré qu’elle était acquise avant l’âge de 5 ans
et pas d’origine congénitale. Elle n’est pas spécifique des synostoses,
mais bien d’un enraidissement de la sous-talienne (69).
L’émoussement des reliefs du dôme talien pourrait être une variante
adaptative mineure liée aux mêmes mécanismes.
De même, les fractures de surcharge de la malléole interne et la
position en valgus du dôme talien avec laxité ligamentaire traduisent
également la présence de phénomènes de surcharge mécanique au niveau de
cette articulation.
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Imagerie par CT-scan
Depuis le début des années 80, l’imagerie par tomographie computée a
pris une place centrale dans le diagnostic des synostoses du tarse.
Rappelons tout d’abord que dans les barres CN, la radiographie
conventionnelle permet le plus souvent le diagnostic. En outre,
l’orientation du pont rend parfois difficile l’identification de la
synostose en particulier dans les formes non osseuses (42).
A l’inverse, dans les barres TC ou multiples, cette technique est d’un
apport essentiel dans le diagnostic et la caractérisation (type,
localisation et étendue) de la lésion.
Les critères de diagnostic sont le plus souvent ceux cités par KUMAR
(Tableau 3). On y ajoutera l’hypertrophie du sustentaculum et
l’inclinaison médio-caudale de la facette moyenne déjà mentionnés plus
haut (23,68). Le diagnostic des types I et II pose rarement des problèmes
(31,68,42,69)(Fig. 14, 15, 16).
________________________________________________________________________
TABLEAU 3
________________________________________________________________________
CRITERES DIAGNOSTIQUES DANS L’IMAGERIE PAR CT-SCAN DES SYNOSTOSES TC.
(d’après J. KUMAR et coll. (31))
________________________________________________________________________
TYPE I (synostose osseuse) :
- présence d’un pont osseux de la facette moyenne
TYPE II (synostose cartilagineuse) :
- pincement net de la facette articulaire moyenne et présence
d’irrégularités corticales marginales
TYPE III (synostose fibreuse)
- léger pincement de la facette moyenne, petites irrégularités
corticales
________________________________________________________________________
La difficulté concerne les types III où les modifications sont parfois
subtiles et d’interprétation délicate, d’autant plus si l’atteinte est
bilatérale (31,68,42).
WARREN (68) rapporte quelques cas où l’injection d’un produit de
contraste a permis un diagnostic plus aisé. Aucune autre étude consultée
ne mentionne l’apport de l’arthro-scanner, ce qui ne permet pas d’en
apprécier l’intérêt réel.
SALOMON et coll. (57) ont comparé les résultats d’un examen par CT-scan
et d’une dissection sur 100 pieds de cadavres. Ils observent que le
CT-scan spiralé a une mauvaise sensibilité et spécificité dans les
synostoses osseuses et s’interrogent sur le retour à un examen par coupes
classiques. De plus, dans ces lésions, ils constatent que chez l’adulte,
les critères diagnostiques sont très semblables à ceux utilisés dans
l’arthrose. Ceci pourrait expliquer la difficulté qu’il y a à poser le
diagnostic de synostose fibreuse chez l’adulte par cette technique.
Notons que nous n’avons pas trouvé d’article concernant les
reconstructions tridimentionnelles et leur éventuel intérêt dans
l’évaluation morphologique et la localisation des synostoses ou dans
l’attitude thérapeutique.
L’imagerie par CT-scan est donc d’un apport essentiel dans le
diagnostic et le traitement des synostoses TC. Elle a remplacé l’incidence
de HARRIS et BEATH dans cette indication. Elle reste cependant difficile
d’interprétation dans certaines formes, ce qui peut justifier le recours à
l’IRM ou à la scintigraphie.
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Imagerie par Résonance Magnétique
L’apparition de l’IRM a suscité un grand enthousiasme et fait espérer
que ce moyen d’investigation permettrait un diagnostic précoce chez le
jeune enfant ou plus aisé dans les lésions de type III, parfois si
difficiles à dépister par CT-scan.
Plusieurs rapports font effectivement état de signes permettant de
mettre en évidence ces coalitions. Si, dans les formes osseuses, il
existe une continuité de la moelle osseuse au niveau de la zone
fusionnée, dans les formes cartilagineuses ou fibreuses, ce sont le plus
souvent des signes inflammatoires qui sont observés (42).
JAY (26) observe une augmentation du signal des deux extrémités dans
les synostoses CN et des tissus mous environnants.
YU (71) confirme la présence d’une bande de signal d’intensité
particulière au niveau de la coalition et pense que l’IRM est un bon
moyen de distinguer entre formes osseuses et non osseuses.
NEWMAN (42) recommande d’utiliser les séquences en pondération T2
avec suppression de la graisse ou STIR images, afin d’identifier l’œdème
de la moelle osseuse et les phénomènes inflammatoires qui sont
fréquemment associés aux synostoses et aide ainsi à leur identification.
Deux études sur des petites cohortes (MASCIOCHHI (37) 4 cas et
WECHSLER (69) 10 cas) font état de bons résultats dans le dépistage des
synostoses et dans leur typage. (Remarque : un faux positif dans l’étude
de WECHSLER = synovite). WECHSLER estime qu’il s’agit d’un moyen précoce
et fiable de dépister les formes non osseuses.
Les résultats publiés par EMERY en 1998 (20) à propos d’une étude
prospective concernant 40 pieds (15 barres) ne montre pas de différence
dans l’aptitude de l’IRM par rapport au CT-scan dans le diagnostic des
synostoses. Pourtant, 71 % de celles-ci étaient incomplètes. Les auteurs
concluent que l’IRM est certes un bon moyen de diagnostic, mais qu’elle
n’a pas fait la preuve d’une supériorité tout en étant nettement plus
coûteuse.
Bien que nous n’ayons pas pu faire le tour de la littérature dans ce
domaine en raison de son étendue, nous n’avons pas trouvé de résultat
montrant la supériorité de l’IRM sur le CT-scan dans le diagnostic des
synostoses. Il s’agit cependant d’une technique performante qui trouve
une place de choix dans le dépistage délicat des lésions précoces ou de
type III. Rappelons encore que la résolution spatiale de l’IRM reste un
peu inférieure à celle du CT-scan.
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Imagerie par scintigraphie osseuse
La scintigraphie osseuse est assez peu utilisée dans le bilan
diagnostique des synostoses. Pour certains auteurs, cet examen peut
néanmoins venir compléter un bilan difficile.
KUMAR (31) l’utilise en cas de suspicion clinique avec un bilan
radiologique négatif et un CT-scan mettant en évidence des signes minimes
ne permettant pas de diagnostic de certitude. Il observe une légère
augmentation de la captation dans la région de la facette moyenne (TC).
Outre l’irradiation, la scintigraphie présente l’inconvénient d’être
peu spécifique et de manquer de précision anatomique. De plus,
l’importante captation du traceur par les cartilages de croissance rend
l’utilisation difficile avant la maturité du squelette (69).
Cet examen peut donc trouver sa place dans le cadre d’un bilan
difficile mais ne fait pas partie du bilan classique des coalitions
tarsiennes.
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- APPROCHE THERAPEUTIQUE
La plupart des auteurs considèrent qu’avant d’envisager un traitement
chirurgical il faut tenter un traitement conservateur. En cas d’échec,
la seule issue est chirurgicale et consiste soit dans la résection de la
synostose, soit dans une arthrodèse. Nous tâcherons de préciser quelles
sont les indications de ces deux traitements et d’en évaluer les
résultats. Nous terminerons en rappelant brièvement les techniques
chirurgicales de résection.
- Traitement conservateur
Si tout le monde en parle, il est assez mal codifié et surtout les
résultats à court, et plus encore à moyen et long terme, sont rarement
rapportés dans les études chirurgicales que nous avons consultées.
- Principe et modalités
A l’exclusion de l’abstention thérapeutique et de la surveillance
clinique en cas de diagnostic fortuit ou de symptomatologie a minima (52),
le but du traitement conservateur est de diminuer la mobilité des
articulations sous-taliennes et médio-tarsiennes, et donc les contraintes
du tarse, afin de réduire la douleur et les spasmes musculaires
éventuellement associés (26,41).
La plupart des auteurs proposent un essai du traitement conservateur
durant une période de 3 à 6 mois en fonction de la situation clinique.
Ce traitement fait appel aux moyens classiques :
- mise au repos relative (bien difficile à obtenir à l’âge de
l’adolescence et dont le principe à long terme paraît assez peu
applicable) ;
- physiothérapie ;
- anti-inflammatoires par voie locale et/ou générale ;
- injection locale de corticoïdes dépôt, en particulier au niveau du
sinus du tarse dans les formes TC ;
- adaptation des chaussures ;
- port de semelles de soutien et d’orthèse de contention ;
- strapping ;
- immobilisation plâtrée.
Protocole de traitement conservateur proposé par COWELL (1983 (15)) en
plus des moyens généraux :
- réalisation de semelles thermomoulées ;
- plâtre de marche durant 3 semaines suivi du port de semelles si
évolution favorable ;
- en cas d’échec ou de récidive, nouvelle période d’immobilisation
plâtrée de 3 semaines ;
- si récidive précoce, port d’une orthèse de contention du pied et de
la cheville.
Pour de nombreux auteurs, l’immobilisation semble être le meilleur
traitement conservateur (52,31,15,51). S’inspirant de leur propre
expérience et du travail de BLOCKEY, ROGER et MEARY proposent dans les
synostoses CN d’effectuer un testing sous anesthésie générale. Dans les
cas où la contracture cède et si l’immobilisation peut être faite en
position fonctionnelle, les résultats sont bons après un mois. Si la
raideur persiste ou s’il existe des difficultés à placer le pied en bonne
position, ils conseillent d’emblée la chirurgie. Force leur est cependant
de constater que les situations intermédiaires sont nombreuses avec un
pourcentage élevé de récidive après immobilisation amenant à discuter de
l’indication chirurgicale en fonction de l’âge du patient et de
l’intensité et de la durée des symptômes.
COWELL (15) et SCRANTON (56) observent également que les résultats du
traitement sont les meilleurs quand le talon est en position neutre plutôt
qu’en valgus.
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- Résultats
Les résultats obtenus par ces différents moyens thérapeutiques sont
très variables. KUMAR (31) estime qu’un tiers des cas de barre TC répond
au traitement conservateur .
Dans une autre série de synostoses CN (23), il constate que tous les
patients opérés avaient eu un traitement conservateur avec échec, mais
note que les cas les plus légers, qui ont répondu à ce traitement, ont été
perdus et que les résultats exacts sont difficiles à apprécier.
ROUVREAU (52) observe 20 « bons à très bons » résultats sur 68 pieds
(29 %) mais FUSON (21) n’en rapporte que 2 sur 28 (7 %).
Sur un groupe de 24 patients traités conservativement (31 pieds),
TAKAKURA (61) observe que 8 pieds (26 %) restent douloureux et que 9 pieds
(29 %) ont une nette restriction de mobilité. Lors du contrôle (délai
moyen de 5,3 ans), les autres étaient asymptomatiques et aucun n’a
nécessité d’autre traitement. Les résultats de ce groupe sont jugés comme
« bons ou excellents » dans 69 % et « faibles à mauvais » dans 32 %. Les
critères d’inclusion dans le groupe conservateur ne sont cependant pas
précisés (Tableau 4).
SCRANTON, sur 23 pieds, ne rapporte que 5 bons résultats (22 %).
BLOCKEY (déjà cité) constate 88 % de persistance de symptômes après
traitement conservateur.
Au total, si le traitement conservateur est assez bien codifié dans ses
principes et moyens, ses résultats sont assez modestes dans la plupart des
études cliniques rapportées. Seuls 10 à 30 % de patients y répondent. En
outre, nous n’avons aucune idée de l’évolution et du devenir à long terme
de ces patients.
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- Traitement chirurgical
- Considérations générales
Historiquement, l’hypothèse d’une étiologie neuromusculaire ou
tendineuse dans le pied plat « spastique » associée aux synostoses a
amené certains chirurgiens à pratiquer des allongements tendineux et
des neurotomies mais sans résultat. Ces gestes sont tout à fait
abandonnés depuis que la douleur et l’hyperpronation ont été
identifiées comme facteurs responsables dans la genèse de ces pieds
plats contracturés associés aux synostoses.
Aujourd’hui, ce sont les arthrodèses et les résections qui sont
devenues les traitements de choix dans ces pathologies.
Initialement, la plupart des auteurs ont proposé d’effectuer des
arthrodèses plutôt que des résections parce que ces dernières
étaient délabrantes et qu’elles ne permettaient pas de restaurer la
mobilité ni de corriger la déformation de l’arrière pied.
Nous ne discuterons pas dans ces pages des techniques ou des
résultats des arthrodèses. Ceux-ci sont largement connus et publiés,
et sortent de l’objet de ce travail. Disons seulement que les
résultats de ces arthrodèses, réalisées dans un contexte de
synostose, sont généralement bons et comparables à ceux obtenus dans
d’autres indications. D’autre part, les réserves faites concernant
les restrictions de mobilité liées aux arthrodèses, en particulier
l’accroissement des contraintes et du risque d’arthrose au niveau
des articulations voisines (médio-tarse, Lisfranc et tibio-tarsienne)
sont également valables ici. Ces conséquences sur la mobilité sont
l’un des principaux motifs ayant incité les chirurgiens à tenter
d’effectuer une résection des synostoses plutôt qu’une arthrodèse,
dans l’espoir que la préservation des mobilités apporte à court et à
long terme un meilleur résultat.
Ainsi, de plus en plus de chirurgiens ont tenté, d’abord dans les
formes CN, puis TC, d’effectuer des résections et d’en évaluer les
résultats. Si dans l’ensemble ceux-ci sont assez satisfaisants,
l’existence d’un pourcentage , presque constant, d’échecs de ce
traitement a conduit à s’interroger sur les indications et les
limites des résections, en particulier au niveau TC.
Ce sont ces résultats que nous avons tenté de rassembler et
d’analyser dans les pages suivantes.
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- Résection des synostoses CN
- Résultats et indications
ROUVREAU et coll. (52) revoient une série de 24 cas de résection avec
un recul moyen de 42 mois et constatent que cette intervention donne
régulièrement d’excellents résultats. Ils définissent dès lors leurs
indications comme suit :
- pied non contracturé de longue date (plusieurs mois)
- absence de signe d’arthrose sous-astragalienne (IRM)
- absence d’autre synostose associée
- âge inférieur à 12 ans
- résection
- large (espace CN >= 10 mm)
Cette notion de pied plat contracturé comme facteur péjoratif avait
déjà été souligné par certains auteurs francophones à propos du traitement
conservateur. Dans le cas présent, bien que relativement logique sur les
plan théorique, le rôle péjoratif de ce facteur n’est pas explicité en
terme de chiffres et de résultat. D’autre part, nous avons vu que ce type
de pied était très fréquent en cas de synostose. Or, aucune étude
anglo-saxonne ne rapporte de corrélation entre l’ancienneté d’un pied plat
contracturé et des mauvais résultats après résection. Nous pensons dès
lors qu’il s’agit d’un critère qui mérite notre attention, mais dont le
caractère pertinent en cas de résection mériterait d’être documenté et
discuté.
Les résultats des résections CN sont le plus souvent satisfaisants :
TABLEAU 5
|
Nbre de pieds |
Bons + excellents
Résultats |
Follow up |
ALTER (1) |
16 |
75 % |
4,5 ans |
GONZALEZ-
KUMAR (23) |
75 |
77 % |
> 10 ans |
FUSON (21) |
21 |
86 % |
2 à 10 ans |
MITCHELL-
GIBSON ( ) |
48 |
76 % |
4 à 13 ans |
SWIONTKOWSKI
(60) |
39 |
90 % |
4,6 ans
|
COHEN (11) |
13 |
83 % |
3 ans
|
Ces bons résultats d’ensemble doivent être tempérés par ceux d’une
étude publiée par ANDREASON (2) en 1967 à propos du suivi à long terme (10
à 22 ans) de 30 pieds traités par résection et interposition. Parmi
ceux-ci, 8 cas avaient nécessité une reprise par arthrodèse (27 %).
De plus, dans deux tiers des cas, il existait une récidive de la
coalition, même lorsque le geste chirurgical avait été parfait. Enfin, 23
cas sur 24 présentaient des signes d’ostéo-arthrite du Chopart avant l’âge
de 40 ans. Les auteurs se reconnaissant incapables de définir des critères
de décision conseillaient dès lors l’arthrodèse pour tous. Ils oubliaient
cependant les 43 % de patients qui, subjectivement, étaient satisfaits du
résultat.
En 1990, GONZALEZ et KUMAR (23) constatent qu’il n’y a pas de
détérioration des résultats au-delà de 10 ans (20 pieds). S’ils observent,
eux aussi, des récidives partielles dans 22 % des cas, ils constatent que
68 % de celles-ci sont tout à fait asymptomatiques et 58 % gardent une
mobilité sous-talienne satisfaisante. ALTER (1) observe lui aussi des
récidives mais en association avec de mauvais résultats et liées à une
résection incomplète.
ALTER constate que les bons résultats sont corrélés avec une bonne
mobilité postopératoire de l’articulation sous-talienne, ce que note
également ANDREASON (2) et SWIONTKOWSKI (60). Ce dernier note cependant
que cette mobilité reste réduite par rapport au pied sain lorsque la
comparaison est possible.
Selon LOUAHEM et coll. (35), la résection de la synostose CN pourrait
redonner 75 à 100 % de la mobilité du couple de torsion. COHEN (11)
observe que même chez l’adulte, la résection procure un gain de mobilité
en pro-supination de l’ordre de 10 degrés.
MITCHELL et GIBSON de même que GONZALEZ et KUMAR (23) obtiennent les
meilleurs résultats dans ces résections CN avant l’âge de 14-15 ans.
Cependant, deux publications (FUSON (21) âge moyen de 41,3 ans et COHEN
(11) âge moyen de 33 ans) rapportent de bons résultats chez l’adulte.
Notons que dans l’étude de COHEN, aucun patient ne présentait d’atteinte
arthrosique importante (pas de pincement articulaire) sauf celui ayant eu
un mauvais résultat. L’association de mauvais résultats et de phénomènes
arthrosiques nets est presque systématiquement retrouvé par les auteurs
(MITCHELL, 60,52,1)
Avant de clore ce sujet, nous voudrions faire part de notre expérience
personnelle et d’une étude qui nous semble fort intéressante.
Nous avions été frappé de constater que les synostoses CN pouvaient
être très différentes dans leur taille et leur étendue. Certaines, petits
ponts classiques entre le naviculaire et le calcanéum, étaient aisées à
réséquer, d’autres paraissaient s’étendre loin en profondeur sous la tête
et de col du talus rendant la résection beaucoup plus difficile et
extensive.
Dans un véritable travail de bénédictin, COOPERMAN et coll. (14)
retrouvent parmi 2982 squelettes, 37 cas de synostose. La réapproximation
des pièces de l’arrière pied les amène à des constatations étonnantes qui
sont résumées dans le tableau 6 et illustrées par la figure 17.
Tableau 6 : OBSERVATIONS ANATOMIQUES SUR SQUELETTE D’APRES
COOPERMAN ET COLL. (14)
37 Synostoses (1 synostose osseuse, 36 non osseuses)
TYPE I : 8 pieds ont une facette antérieure du calcanéum
supportant la tête du talus de manière normale
TYPE II : 7 pieds ont une facette antérieure partiellement
remplacée par la partie naviculaire de la barre.
La tête du talus s’articule avec les interdigitations de la
jonction CN
TYPE III : 22 pieds n’ont pas de facette antérieure. La facette
naviculaire est fort large. Outre le soutien de la tête du talus,
elle donne un important support dorso-médial ou cuboïde
Dans le type I, la synostose résulte probablement d’un simple défaut de
segmentation des os de pieds par ailleurs normaux. Sa résection paraît
classique et aisée. Par contre, dans le type II, et surtout dans le type
III, il existe une malformation beaucoup plus étendue de l’arrière pied et
du médiotarse. Dans ce cas, l’excision de la barre risque d’affecter la
stabilité TC, CC et CN, d’aggraver ainsi les phénomènes douloureux et
d’induire des phénomènes dégénératifs. De plus, la résection de ces
lésions a toutes les chances d’être beaucoup plus difficile et incomplète.
En accord avec de nombreux auteurs, nous pensons que la résection des
synostoses CN est l’indication première. Il s’agit d’une intervention
relativement simple, qui améliore la mobilité du couple de torsion et
supprime, le plus souvent, les symptômes douloureux. Les résultats en sont
régulièrement bons. Les échecs de cette technique doivent nous faire
préciser nos indications. A ce titre, les critères proposés par ROUVREAU
nous semblent pour la plupart pertinents.
Enfin, l’étude de COOPERMAN permet de mieux comprendre l’anatomie de
ces synostoses et d’espérer qu’une meilleure caractérisation de celles-ci,
notamment par l’imagerie médicale, nous amène à un meilleur choix
thérapeutique.
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- Technique chirurgicale (9,26)
La technique la plus souvent utilisée est dérivée de celle décrite
par SLOMANN et BADGLEY (Fig. 18 a-h). L’intervention est réalisée sous
garrot de cheville ou de cuisse, patient en décubitus dorsal, un coussin
sous la fesse du côté opéré ou en décubitus controlatéral. Par une
incision antéro-latérale en regard de la partie proximale du court
extenseur des orteils (EDB), en avant du sinus du tarse et se prolongeant
vers le naviculaire, après hémostase, et ouverture du fascia, on récline
le muscle EDB distalement, ce qui révèle la synostose. Elle est prudemment
dégagée, en évitant si possible d’ouvrir les articulations adjacentes.
L’idéal est de réséquer en bloc environ 10 mm de la synostose. La
résection est faite en plaçant l’ostéotome perpendiculaire à la corticale
externe et en suivant le col du talus à la partie latérale de
l’articulation talo-naviculaire.
Le second trait est effectué parallèlement, 10 mm latéralement par
rapport au premier en essayant d’emporter un bloc rectangulaire (23). Les
reliquats sont ôtés à la pince Gouge en vérifiant la mobilité des pièces
osseuses. Il est essentiel d’effectuer une résection complète. Certains
auteurs proposent d’effectuer une contre-incision interne dans les cas
difficiles.
Afin de limiter le risque de récidive, de nombreuses interpositions ont
été proposées (bone-wax, silicone, TFL, graisse). La technique la plus
utilisée consiste à placer l’EDB dans la résection par un fil appuyé sur
un bouton ou plus simplement au moyen d’une petite ancre.
Les tissus sont ensuite rapprochés et la peau suturée avec prudence en
raison de sa fragilité. Tout au long de l’intervention, il faut veiller à
ne pas léser les branches du nerf fibulaire superficiel dans la région
dorso-médiale et le nerf sural dans la partie la plus postérieure.
De nombreux auteurs proposent une immobilisation plâtrée avec décharge
de 3 semaines, suivie de 3 semaines de plâtre de marche. Nous pensons que
chez l’enfant et l’adolescent, une attelle postérieure de décharge avec
mobilisation quotidienne douce pendant 8 à 10 jours, suivie d’1 à 2
semaines de plâtre de marche puis d’une rééducation complète sont
suffisants. Le port d’une attelle de type Aircast peut être utile. En cas
d’hyperpronation, l’indication d’une semelle de soutien doit être
discutée.
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- Résections dans les synostoses TC
- Résultats et indications
Si la résection de la synostose s’est assez facilement imposée
comme le traitement chirurgical de première intention dans bon
nombre de barres CN, le traitement des coalitions TC reste
beaucoup plus controversé.
Historiquement, c’est l’arthrodèse sous talienne et la triple
arthrodèse qui ont été privilégiées. En effet, la déformation
fréquente de l’arrière pied, le contexte d’articulation portante
et la présence de phénomènes dégénératifs associés ont fait
craindre qu’une résection simple n’entraîne un échec
thérapeutique. CHRESTIAN et coll. (9) résument assez bien cette
pensée en disant que le but premier du traitement chirurgical est
de supprimer la douleur et le second de restaurer la mobilité. La
résection du pont osseux offre la possibilité de récupérer une
mobilité de l’arrière pied particulièrement utile en terrain
irrégulier, mais au risque de déstabiliser l’arrière pied. Il
insiste sur l’analyse du valgus préopératoire du calcanéum car il
pense que celui-ci ne peut que s’aggraver et amener un déchaussage
du pied en-dessous de l’axe jambier. Ces deux objectifs ne sont
donc pas toujours compatibles ; dès lors, l’indolence prime sur la
mobilité. Si le raisonnement se tient parfaitement, les critères
de décision font cependant défaut.
A l’inverse de la littérature francophone qui reste assez
largement en faveur de l’arthrodèse dans les atteintes TC, de
nombreuses publications anglo-saxonnes rapportent de bons
résultats après résection de la synostose (Tableau 7)
TABLEAU 7 : RESULTATS APRES RESECTION POUR SYNOSTOSE TC
|
|
Nbre de pieds
|
Bons/excellents |
Recul
|
KUMAR (31) |
1992 |
18 pieds |
89 % |
4 ans |
SALOMAO (54) |
1992 |
33 pieds |
78 % |
25 mois |
OLNEY (43) |
1987 |
10 pieds |
80 % |
- |
TAKAKURA (61) |
1990 |
33 pieds |
88 % |
5,3 ans |
SCRANTON (56) |
1987 |
14 pieds |
93 % |
3,9 ans |
OLNEY (43) constate que la résection permet de récupérer une
mobilité égale à 80 - 90 % par rapport au côté sain. Ses deux
mauvais résultats sont attribuables à une résection insuffisante.
TAKAKURA (61) retrouve un gain de mobilité chez 77 % des
patients, les meilleurs résultats étant obtenus avant l’âge de 15
ans. Aucun n’a de limitation des activités sportives et de la
course même si radiologiquement 18 % des résections ont été
incomplètes. Il estime qu’il s’agit du traitement idéal chez
l’enfant et l’adolescent et que seule la présence d’arthrose doit
conduire à réaliser une arthrodèse.
SALOMAO (54) retrouve les bénéfices de la résection sur la
douleur (indolence dans 78 %) et le gain en mobilité (75 %). Il
réalise une large capsulotomie avec section du ligament en Y et
observe une correction partielle de la déformation préopératoire
de l’arrière pied dans 69 % des cas. (Remarque : largeur moyenne
de la synostose dans cette série : 13 mm [9 à 16,4]).
Tous ces bons résultats ne doivent pas masquer l’existence
constante d’échecs et les difficultés liées à la résection de
certaines de ces synostoses.
SCRANTON est le premier à décider arbitrairement de ne réséquer
que les synostoses TC dont l’étendue est inférieure à 50 % de la
surface articulaire. Ses résultats sont bons, mais
d’interprétation difficile tant les critères d’évaluation des
résultats sont vagues et leur présentation confuse.
WILDE (70) propose d’évaluer l’étendue de la synostose par
mesure de la largeur de celle-ci sur des coupes frontales
successives faites par CT-scan. Afin d’éviter les variations liées
à la taille du patient, il rapporte la mesure de la synostose (C)
à celle de la facette postérieure (PF) et obtient ainsi le rapport
C/PF . Il mesure aussi le valgus du calcanéum de manière semblable
(Fig. 19 ).
En analysant ses résultats à propos de 20 pieds, il trouve 10
bons résultats qui se maintiennent au-delà de 9 ans et 10 mauvais
résultats d’apparition précoce (persistance spasme des fibulaires,
pied plat valgus rigide). Dans 2 cas, la résection était
insuffisante. Aucun lien n’est observé avec le sexe, l’âge, la
durée des symptômes ou l’existence d’antécédents chirurgicaux. Il
confirme que la présence d’un « talar beaking » n’est pas un
critère péjoratif (présent dans 70 % des bons résultats) (Fig.
20-c). Par contre, il observe une corrélation significative entre
les mauvais résultats et un rapport C/PF supérieur à 50% (Fig.
20-a), un valgus calcanéen de plus de 16° (Fig. 20-b) et la
présence préopératoire de signes d’arthrose. Notons au passage
qu’il n’observe pas d’aggravation du valgus du talon après
résection. Il propose donc de limiter les indications de résection
aux cas où la synostose représente moins de 50 % de la facette
postérieure et en l’absence de signes arthrosiques.
Dans une étude du même type à propos de 20 cas, COMFORT et
coll. (13) modifient le critère d’évaluation en rapportant la
taille de la synostose à la totalité de la surface articulaire
sous talienne (C/AMF + PF) (Fig. 21). Ainsi, il constate que
lorsque ce rapport est inférieur à 1/3, il obtient les meilleurs
résultats (p < 0,05) (77 % excellents résultats) (Fig. 22 ). Au
plus la synostose est étendue et au plus le résultat est mauvais.
Aucune relation n’est observée avec les autres facteurs. La
position en varus du talon (4 cas) semble de mauvais pronostic (3
échecs), mais tous les cas présentaient une synostose fort étendue
(>= 1/3). A noter que 19 des synostoses étaient limitées à la
facette moyenne, mais il s’agit là de la situation la plus
fréquente.
En analysant les critères de SCRANTON et WILDE et en les
comparant à ses propres résultats, COMFORT constate que le premier
est beaucoup trop large puisqu’il inclut tous les cas y compris
les mauvais résultats. Celui de WILDE lui paraît trop étroit car
il aurait conduit à l’arthrodèse dans 80 % de ses cas alors que
beaucoup ont eu d’excellents résultats. COMFORT propose donc de
limiter l’indication de résection à 1/3 de la surface sous
talienne totale.
En 1998, LUHMANN et SCHOENECKER (36) publient les résultats
d’une série de 25 résections TC. Utilisant les mêmes techniques de
mesure par CT-scan, ils retrouvent une corrélation significative
entre la surface de la synostose et les bons résultats (C/PF < 50
%) ainsi qu’avec le valgus du talon (Vg < 21 %) (Fig. 23 et 24).
Ils notent cependant que ces critères ne sont pas absolus puisque
certains patients ont un bon ou excellent résultat bien qu’ils ne
les respectent pas. Ils conseillent donc de s’en servir comme
guide, tout en restant souple et critique dans les indications.
Les différences de résultats par rapport à l’étude de COMFORT et
coll. pourraient être liées à des séries de petite taille et, pour
le valgus calcanéen, à des mesures faites en décharge. Notons
encore que dans cette étude la présence d’un pincement modéré de
la facette postérieure n’a pas eu de retentissement sur les
résultats à court terme.
Tous les patients ont eu une amélioration de la mobilité de
l’ordre de 50 % sans aggravation notoire de la déformation de
l’arrière pied. En cas de valgus préopératoire prononcé, les
auteurs proposent soit le port d’une semelle de correction, soit
un geste chirurgical associé (ostéotomie calcanéenne ou
allongement de la colonne latérale).
Compte tenu de l’ensemble de ces résultats, nous pensons que
dans les atteintes TC limitées et isolées, la résection de la
synostose est un traitement valable qui redonne une mobilité à
l’arrière pied tout en étant efficace sur la douleur. Les
complications sont peu nombreuses et le plus souvent bénignes
(36). La résection de la synostose n’entraîne pas d’aggravation
systématique de la déformation et permet d’espérer éviter les
conséquences à long terme des arthrodèses. Plusieurs publications
récentes ont permis d’établir une corrélation entre l’étendue de
la synostose ou l’importance du valgus calcanéen mesurés par
CT-scan et les résultats postopératoires. Ces deux critères ont
dès lors leur place dans la décision thérapeutique et le choix
entre résection et arthrodèse.
L’arthrodèse reste indiquée en cas d’arthrose nette ou de
déformation majeure. Elle est la technique de sauvetage en cas
d’échec.
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- Technique chirurgicale
(9,31,43) (Fig. 25 a-e)
Le patient est installé en décubitus dorsal avec garrot au niveau de la
cuisse. Par un abord interne adapté à la localisation de la synostose,
mais qui est situé à peu près sur le trajet du FL.C.O., on réalise une
hémostase des veines sous cutanées.
Après ouverture de l’aponévrose médiale, le paquet vasculo-nerveux est
repéré et récliné caudalement. Les tendons sont identifiés. La difficulté
est alors d’identifier les limites de la synostose en retrouvant la fente
articulaire. La lésion est le plus souvent localisée au sustentaculum tali.
Le tendon LFHx passe dans un sillon situé 4 à 5 mm sous la facette moyenne
et peut aider à repérer celle-ci. L’espace articulaire peut être identifié
par la mise en place de deux aiguilles de part et d’autre de la synostose,
avec l’aide de la scopie. La synostose est alors pelée progressivement
jusqu’à faire apparaître l’espace articulaire normal, en effectuant la
résection plus aux dépens du talus que du calcanéum. On vérifie alors le
jeu articulaire. Les tranches osseuses peuvent être recouvertes de
bone-wax. Certains auteurs interposent du tissu graisseux, du silicone ou
le LFlI afin de réduire le risque de récidive. KUMAR (31) estime que cette
technique est la meilleure.
D’autres proposent dans les cas difficiles un abord externe
complémentaire afin de faciliter le repérage de la synostose et sa
résection. Notons encore que SALOMOA (54) effectue une capsulotomie
complète avec section du ligament interosseux, ce qui semble risqué sur le
plan de la stabilité ultérieure de la sous talienne.
Les plans capsulaires et tendineux sont ensuite soigneusement refermés.
En postopératoire, la plupart des auteurs proposent une décharge
relative de 2 à 3 semaines avec mobilisation précoce suivie d’une reprise
progressive de l’appui sous protection d’un plâtre ou d’une orthèse de
contention de la cheville et de l’arrière pied (9,31,6043).
La mobilisation doit être quotidienne, douce et non douloureuse,
passive puis active. Elle est destinée à restaurer les mouvements de
l’arrière pied et à entretenir ceux de la cheville. Une semelle de soutien
sera prescrite en cas de déformation résiduelle de l’arrière pied.
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CONCLUSION
Arrivé au terme de ce travail, notre satisfaction principale est
d’avoir le sentiment d’y voir un peu plus clair face à cette pathologie
peu fréquente, mais relativement complexe.
A la lecture de plusieurs publications, nous avons l’impression que
leur fréquence dans la population générale pourrait être plus importante
que les 1 à 2 % le plus souvent rapporté. En effet, il semble bien qu’un
certain nombre de ces ponts osseux soient bien tolérés et constituent
alors une simple variante anatomique.
Si le diagnostic de ces lésions est parfois simple en présence du
typique pied plat valgus contracturé du jeune adolescent, plusieurs
autres tableaux cliniques sont insidieux. Dans ce cas, c’est
l’attention, l’interrogatoire et la recherche clinique d’un
enraidissement plus ou moins douloureux de la sous-talienne qui
conduiront à la suspicion de synostose.
Le bilan complémentaire doit toujours débuter par des radiographies
conventionnelles tant pour exclure d’autres affections que parce que de
nombreuses synostoses sont déjà parfaitement visibles sur les clichés
standard. Certains signes indirects témoignant d’un défaut de mobilité
ou de position de l’arrière pied permettent de renforcer la conviction
du clinicien et incitent à poursuivre le bilan. L’examen par CT-scan
reste le moyen de choix dans le dépistage et la caractérisation des
synostoses. Dans les formes TC, il joue également un rôle important dans
la décision chirurgicale. L’IRM peut être d’un apport très utile dans le
diagnostic parfois difficile des formes incomplètes grâce à la
possibilité qu’elle offre de mettre en évidence l’œdème osseux et
l’inflammation des tissus mous périphériques.
Si le diagnostic de ces barres est difficile, le choix thérapeutique
l’est tout autant. Tout le monde s’accorde sur l’importance d’un
traitement conservateur surtout axé sur la réduction des contraintes et
des phénomènes douloureux qui en découlent. Le succès de ce traitement
est hélas assez modeste et ne semble pas dépasser 1/3 des patients.
Pour les autres, la solution est chirurgicale. Aujourd’hui,
l’arthrodèse n’est plus la seule technique utilisable. Au contraire,
c’est la résection qui dans de nombreux cas est devenue l’indication de
choix. Son taux de succès est élevé et reproductible tant dans les
formes CN que TC. Cependant, l’existence constante d’échecs impose la
vigilance dans les indications. Au niveau CN, la description de ponts
osseux associant défaut de segmentation et malformation des
articulations talo-calcanéo-naviculaires permet de mieux comprendre les
difficultés techniques de certaines résections et l’échec observé dans
certains cas. La confirmation de ces variantes et leur mise en évidence
par imagerie paraît être la voie à suivre vers de meilleurs résultats.
Dans les atteintes TC, le CT-scan permet de préciser l’étendue de la
barre. Plusieurs critères ont été utilisés. Aucun n’est parfait, mais
ils sont d’un réel intérêt et permettent de penser que la limite de
résection se situe aux environs d’1/3 de la surface sous-talienne.
En cas d’échec d’une résection, en présence de phénomènes
dégénératifs et dans les formes multiples ou sévères et de longue
évolution, l’arthrodèse reste l’indication chirurgicale de choix, avec
les mêmes succès et les mêmes inconvénients que dans d’autres situations
pathologiques.
Les synostoses du pied sont un sujet passionnant autant que complexe.
La multitude des formes anatomiques et des présentations cliniques est
intellectuellement très stimulante, mais c’est surtout parce que ces
lésions touchent, le plus souvent, de jeunes adolescents en plein
développement que leur avenir fonctionnel nous importe et que notre rôle
de thérapeute compétent mais aussi compatissant trouve sa juste place.
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